Expériences thérapeutiques suisses

Expériences de marionnettes
L'Europe 
Suisse

  1. TRAVAIL AVEC DES MARIONNETTES PAR UN FABRICANT DE MARIONNETTES ET UN PROFESSEUR DES ÉCOLES, PENDANT UN TRIMESTRE SCOLAIRE
  2. THÉRAPIE PAR LA MARIONNETTE ET LE CONTE DE FÉES

1. TRAVAIL AVEC DES MARIONNETTES PAR UN FABRICANT DE MARIONNETTES ET UN PROFESSEUR DES ÉCOLES, PENDANT UN TRIMESTRE SCOLAIRE 
Mme. Cecilia Bloch-Baggio. Marionnettiste (5) La Chaux-de-Fons
Cette expérience s'adresse à des enfants individuels ou en petits groupes qui sont envoyés par des pédiatres, par le service socio-éducatif de l'école primaire ou par des psychologues. L'atelier s'appelle : « La grotte des marionnettes ».
"Chaque année depuis une dizaine d'années, le Département de l'Instruction Publique du canton de Neufchâtel me confie des garçons et des filles d'une classe de 1ère ou de 2ème primaire pour donner un renfort pédagogique avec des marionnettes à raison de deux heures par semaine.
Il y a trois ans, la Direction m'a confié une classe de 2ème : 10 garçons et filles âgés de 8 à 13 ans qui ont de gros problèmes d'apprentissage. 
Une préparation minutieuse du cours et du matériel est indispensable pour que les étudiants sentent une structure solide autour d'eux dès le début. Solide mais flexible et toujours ouvert aux propositions d'idées. Petit à petit il faut apprendre l'écoute de l'autre, le dialogue, la négociation et la discipline. Tout cela pour pouvoir offrir à chaque étudiant un lieu et un temps privilégié où il peut comprendre ses difficultés, les accepter et aussi celles des autres. 
Les séances commencent en cercle. Au début, je demande à chacun de dire son nom et de dire : je suis là !
Le silence de ceux qui ne veulent pas parler est respecté. Au début du cours, un geste suffit, plus tard on leur demande d'en faire plus.
Ensuite, je raconte une histoire. Au début, les adultes ne font pas trop attention car ils pensent que les histoires sont pour les petits. Mais au fur et à mesure que le cours avance, la parole est respectée.
Après un mois, les marionnettes sont construites. Les étudiants se sentent comme des "petits dieux"
Il y a aussi des moments difficiles. Il faut avoir beaucoup de patience, d'amour et de fermeté pour négocier, pour rééquilibrer les situations vacillantes.
Tout est fait pour remotiver les élèves qui au cours de l'année passent de moments "passo" à des émotions fortes qu'ils vivent durant les heures de création.
Dans les moments difficiles, les élèves sont emmenés seuls ou en petits groupes pour discuter.
Lorsque la construction est terminée des marionnettes, il est temps pour ledes improvisations."
Il y a une vidéo de l'expérience "Le cri de la marionnette" enregistrée par Vicent Mercier, réalisateur qui a reçu la Palme d'or du court métrage à Cannes en 1985.
(5) MARIONNETTE ET THÉRAPIE. Numéro 24 – 1995 


2. THÉRAPIE PAR LA MARIONNETTE ET LE CONTE DE FÉES

Jeu et art-thérapie (6) 
Ursule Tappolet. Atelier de Corsier-Port. Genève 1983
Créer une marionnette peut être une construction ou une reconstruction de soi. 
L., 5 ans, a construit une marionnette. Il la frappa, lui cria dessus et l'écrasa, revivant une agression subie durant les premières années de sa vie et "oubliée", mais son subconscient le savait et cela lui provoquait des cauchemars toutes les nuits. Plus tard cette marionnette a pu rester intacte, le thérapeute l'a protégé et petit à petit il a cessé de le frapper. Elle a passé des semaines à le porter et à l'aimer, et les cauchemars ont commencé à disparaître 
La thérapie que nous faisons est le jeu. Nous ne donnons pas de jouets tout faits, mais les enfants les construisent.  
Fabriquer une marionnette est un travail de longue haleine dans lequel beaucoup de choses bougent à l'intérieur de l'enfant. 
Chaque détail peut avoir son importance, la couleur des cheveux, la robe...  
Être créatif, c'est en quelque sorte descendre dans ses propres profondeurs, pour remonter plus tard quand il le faut pour donner forme aux images de notre âme, de nos rêves, de notre imaginaire. 
Cette procédure renforce la personnalité de l'enfant, qui peut mieux affronter ce qui lui fait mal. 
Le rôle du thérapeute est ambigu, d'une part, il doit avoir tout l'enthousiasme, mais il doit être patient, savoir attendre. S'abstenir est parfois plus important que faire. 
Le conte de fées est essentiel dans notre travail. Le conte populaire, le traditionnel, ancré dans la vie et l'expérience de nombreuses générations. Tout ce que l'être humain peut vivre, rencontrer, les difficultés dues à la condition humaine, sont traités avec des symboles que l'enfant comprend parfaitement sans le savoir consciemment, puisqu'il est dans le plan de l'imaginaire, dans son monde. 
L'histoire ne remet pas en question la vie, il n'y a pas de suicide, il n'y a pas d'échappatoire. Chacun doit trouver le chemin de la vie et le suivre, malgré les obstacles, les carrefours ou les forêts de monstres, sinon il finira pétrifié. (fermé à clé). 
Je vais expliquer quelques expériences avec des histoires et des marionnettes avec des enfants qui sont venus à notre atelier :
Par
Sto, 9 ans, vient dans notre atelier car il est très angoissé, ne dort pas la nuit, fait des cauchemars. Si vous donnez des somnifères à un enfant qui a de mauvais sons, il ne peut pas se réveiller et quand il joue, il se réveille bien. Il est important que l'enfant puisse et sache échapper aux cauchemars en se réveillant. Les somnifères ne sont donc pas toujours indiqués. 
Sa mère avant de l'avoir, a donné naissance à un enfant malformé qui est décédé peu de temps après. Sto, il ne l'a pas vu mais il a ressenti la tristesse de sa mère, et plus tard dans une autre grossesse, la mère a peur d'un bébé malade.
Il n'en savait rien, mais il avait peur de mille accidents possibles, il était isolé socialement (école), à cause de son attitude anxieuse, il n'était pas très entreprenant et il dormait mal. Beaucoup d'enfants qui ont des problèmes de sommeil ont profondément peur de la mort.
Nous avons travaillé avec lui sur des histoires de Laponie: "Lumières Boréales" (dans ce conte il revient une fois mort transformé en rayons d'aurores boréales pour venir en aide aux personnes dans le besoin) et "Forêt de la Lune" (le prince retrouve sa bien-aimée dans la forêt. La bien-aimée s'appelle "Vie sans mort et jeunesse sans vieillesse". 
Ils se marient. Mais il ne peut pas toujours être comme ça, passant des milliers d'années à courir à travers la forêt, il se remémore son passé et va chercher la mort qui l'attend depuis mille ans dans le château de son père. 
A l'origine de cette histoire, le thème de la mort a été beaucoup abordé avec lui et sa famille. La souffrance peut avoir un sens si nous l'acceptons au lieu de la bloquer. Puis il a construit une marionnette naine et un aigle royal. 
La base de nombreux cas que nous avons dans notre atelier est celle d'une peur.
la communication 
La marionnette est un moyen de communication très riche. L'enfant qui babille parle souvent sans bégayer en prêtant sa voix à une marionnette.
La pâte à bois que nous utilisons pour fabriquer les têtes des marionnettes nous sert de moyen de communication en cas de mutisme. Le modelage peut créer un dialogue entre les mains de l'enfant et les mains du thérapeute. 
Dépression, refus de vivre
Enfants suicidaires, dépressifs et anorexiques. En construisant une marionnette, il se reconstruit un peu, gagne en force. Notre propre joie de vivre aide l'enfant à trouver la sienne. La créativité nous permet de toucher aux racines, de renforcer le lien avec notre centre, c'est ce qui nous aide à trouver la force de vivre.
L'histoire, de plus, explose les limites étroites et décourageantes des apparences, donne en symboles, visions des chemins de vie, sens et but. 
énurésie
Le problème de l'énurésie nocturne est grave, car il peut vous faire perdre toute dignité, puisque vous êtes constamment humilié. Nous avons remarqué que les enfants qui font pipi la nuit ne font pas pipi correctement le jour. Ils urinent par rafales et n'évacuent pas toute la vessie. Puis le soir, quand ils sont détendus, ils lâchent prise. Cela peut être dû à la peur, à une mauvaise conscience, à un trouble inhibé, à une situation familiale insupportable... Il faut fabriquer avec ces enfants des marionnettes symboles de protection : certains ont fait des anges dorés, des éléphants protecteurs... et avec ces marionnettes ils n'ont plus qu'à pisser dessus.
Dans l'atelier, j'ai travaillé sur les relations familiales. J'ai pratiqué le théâtre d'ombres, j'ai créé une famille de clowns toujours joyeux. Et à partir de là, des relations familiales se sont établies qui vont petit à petit débloquer leur propre situation familiale. Cette thérapie a deux fronts, le travail avec les parents et la thérapie avec l'enfant.Les marionnettes et les histoires sont deux outils très valables, qui sont très bien complétés par une thérapie pour les enfants. Ils permettent à l'enfant de fortifier sa personnalité et d'exprimer ses problèmes au niveau du symbole, là où l'impact est puissant, car il touche les profondeurs de l'âme humaine.
Ursula Tappolet a écrit le livre : Las marionetas en la educación : La muñeca de la nariz petuda. Barcelone : Modifier. Scientifique-Médical, DL 1982
(6) MARIONNETTE ET THÉRAPIE. Numéro 15 – 1983

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